La vraie vérité vraie...
On est tous, peu ou prou, déjà tendus vers ce moment là.
Ce moment où tout s'habille d'or et d'argent; ces instants où ,oui, on voudrait bien que les tout petits devenus grands « y croient encore », encore une année, encore quelques mois.
Antoine a entendu une des ses amis dire que sa maman lui avaient (enfin) dit que « non, Il n'existait pas – que les cadeaux, c'est les parents qui les achetaient »
J'ai bien senti qu'il était malheureux Antoine d'avoir à me demander « alors maman, c'est vrai que c'est les parents qui font les cadeaux à Noël ? »
La voilà donc bel et bien prononcée cette phrase un peu redoutée. On élude un peu, histoire de voir si la question va ressurgir, de suite, ou plus tard.
Et elle revient, elle revient bien vite : « alors maman, tu me réponds ? »
Et là, Marie, sa soeur jumelle de lui rétorquer que « non, c'est vraiment n'importe quoi, que les parents la nuit de Noël, ils ne peuvent pas aller faire les courses, que de toutes façons, les magasins ils sont fermés, et que surtout, les parents, ils dorment ! »
Je finis par parler, et par évoquer les "choses qui vivent dans notre cœur, qui le font battre aussi parfois : l'espoir, la foi, la croyance..."
Les yeux bleus de Marie m'auscultent un peu, mais pas beaucoup, elle tourne la tête en acquiesçant ; Antoine lui, me scrute, me dévisage, me dissèque de l'intérieur...
Dilemme, tempête en mon crâne !
Marie n'est pas prête, mais Antoine lui... si.
En parler au papa, vite vite, même si le papa n'est pas beaucoup là en ce moment occupé par des " méchants méchants"
Trouver une solution palliative d'urgence, prendre mon grand bébé un peu à part et lui dire : « Bon, Antoine, écoute bien : on déménage, on laisse passer Noël, et après on en discutera avec toi et ton papa. »
Les yeux d'Antoine disent « merci », un grand et profond « merci maman ». Son regard vert avoue en silence ses pensées secrètes de petit garçon :
« Je ne suis pas sûr, mais je crois quand même que le Père Noël, il n'existe pas ; mais en même temps, moi cela ne fait pas plaisir de perdre le papa Noël, cela me met presqu'en colère parce que c'était chouette, c'était doux, c'était le petit enfant que j'étais et qui doucement, doucement me quitte. Mais là quand même, c'est un peu beaucoup... quitter ma vie d'ici, rencontrer d'autres gens, pleins d'autres gens, tout changer, et en plus, perdre un peu aussi cette confiance aveugle que j'avais en papa et maman... et au père Noël. Oui, c'est vrai, je préfère attendre encore un peu avant que vous ne me disiez cette vérité, qu'au fond de moi, je connais déjà »
Voilà, on en reparlera après Noël. On lui dira sans doute la vraie vérité vraie s'il la veut vraiment. Et on lui demandera de garder un peu encore ce secret de « grands » pour Marie, parce Marie, même si elle est de deux minutes son aînée... décidément, pour elle, non, ce n'est pas le moment.