Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Les tribulations de Béa et sa tribu
26 mai 2008

Là d'où je viens

Dans cette école une dame brune, petit bout de nana qui souriait toujours-toujours, même quand parfois, les moments étaients durs - durs comme béton.

Dans cette école, barre de béton, une dame au doux prénom, porteur de France et de Marie, et qui accueillait en sa classe toutes nos couleurs, toutes nos douleurs. Elle savait porter en ses yeux toutes les douceurs de son coeur - on y lisait la confiance qu'elle portait en nous, petits élèves malmenés...

Là d'où je viens y'avait du béton.

Là d'où je viens y'avait du béton, et peut-être bien aussi deux ou trois maisons;

Là d'où je viens des peupliers peuplaient les bords des rues ; lesquels passées quelques années, par leurs racines habiles, détruisaient lentement les trottoirs.

Là d'où je viens y'avait des fenêtres à côté, en face, derrière, des fenêtres abritant des familles, des jeunes, des vieux, des noirs, des blancs, métis et mélangés.

Là d'où je viens il y avait des gens qui n'avaient pas pu partir ailleurs.

Moi, je rêvais de champs immenses, à perte de vue ; je ne voyais de ma fenêtre que des fenêtres, et des fenêtres.

Alors, ici, ou bien ailleurs, là où mes pieds m'ont emportée ; alors ici, ou bien plus loin, quand mes yeux traînent sur le chemin, quand mes regards s'envolent plus loin, je me souviens de ma fenêtre, et de tous ceux cachés derrière qui entendaient tous leurs voisins.

Alors ici, ou bien ailleurs, là où la chance m'a « enchancée », quand j'entends gronder, au loin l'orage, je n'ai plus peur, comme dans le temps, que la foudre ne frappe mon bâtiment.

Je cours à l'étage, me place derrière une fenêtre, et observe la nuée au loin si loin, de très très loin, approcher.

Ces derniers temps, mes souvenirs me ramènent à mes amis, à "ma cité" et à son monde, village béton, village quand même, avec son lot de drames humains. Là où les fêtes de famille ne pouvaient pas être intimes, toutes les fenêtres s'ouvraient alors, et les voisins montraient leur nez.

Là d'où je viens messieurs mesdames, pas de chemins creux, pas de forêts, aucune ornière où trébucher, seulement peut-être les terrains vagues et dangereux, des nouveaux quartiers qui poussaient.

C'était loin, il y a longtemps, environ trente ans, ou bien autour de ça... les enfants ébrouaient leurs rêves le matin en buvant leur lait, et partaient sac à dos... non..., pas dans la campagne, mais dans la rue de suite-de suite, jusqu'à l'école barre de béton.

Dans cette école, une dame brune, petit bout de nana qui souriait toujours-toujours, même quand parfois les moments étaient durs - durs comme béton.

Dans cette école, barre de béton,

Les souvenirs peuplent ma tête de bruits de rues, de bruits de pas, de bruits de fond, toujours toujours.

Les grands jouaient au gendarme et au voleur, puis continuèrent encore, encore.

Certains sont morts ou en prison, d'autres sont devenus policiers, traducteurs, ou bien prof, ou encore même "écrivaillonnent" près, tout près de leur fenêtre d'où l'on entend les oiseaux chanter, siffler, faire pleins de bruits d'oiseaux.

Publicité
Publicité
Commentaires
Les tribulations de Béa et sa tribu
  • Voici les récits de quelques brisures et moments forts, dans la ligne d'une vie bien lisse qui avait été rêvée. Lorsqu'apparut la lueur en clair obscur d'un Pierrot lunaire - réchauffé, guidé, aimé, par les jumeaux soleils
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Newsletter
Archives
Publicité