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Les tribulations de Béa et sa tribu
10 mars 2008

Anne ma sage anne

Il me faut vous parler de Anne. Anne-ma-sage-anne. D’abord elle a des éclats de rire formidables. J’aime bien les gens qui se retiennent pas quand ils rigolent. La première fois que je l’ai vue, j’avais un gros ventre d’Antoine et Marie (au début, déjà il me semblait gros, à la fin, il n’y avait plus de mot assez … gros). Elle est arrivée avec son kangoo vert et sa grosse valise, on était en 2000, et comme je suis mal foutue de l’intérieur, j’avais besoin d’un suivi à domicile, pour surveiller que les murs se pousseraient assez pour les deux monstrosaurus qui étaient dedans. Au bout d’environ quinze minutes, elle avait saisi le type de nana à qui elle allait avoir à faire et hop… elle a pas hésité à se fendre la poire en voyant une photo du papa en uniforme.

Bref, elle venait, il me semble deux fois par semaine au bout d’un moment, et un soir, alors que je sortais à peine de l’hosto où ils m’avaient allongée de force, pour Menace d’accouchement prématuré, et que j’avais négocié vachement durement ma sortie, elle n’a pas hésité une seconde à me renvoyer en jachère (GHR , j‘ai toujours adoré ce jeu de mots splendide, pour Grossesse à haut Risque) c’est-à-dire l’hôpital tout en ayant pris un air faussement contrit. Il faut dire, qu’elle avait bien évidemment raison, et que de toute façon, elle a des façons de dire que même si tu pèses 120 kgs pour 2 mètres 30, tu l’écoutes. Alors vous pensez bien que même avec mes 25 kgs de plus, mon mètre 68 ratatiné sur un énorme ventre, j’ai pas fait le poids.

Elle a gagné.

Anne elle fait un métier d’abord extraordinaire. Et c’est bien pour lui rendre hommage que j’ai décidé de mettre au monde Marie et Antoine le premier jour de la grève historique des sages femmes. C’était marrant dans la salle de travail, y avait des affichettes partout et elles se baladaient les nanas avec des gros scotchs partout « sage femme en grève ». Mon père il aurait trouvé ça génial.

Elle m’avait dit : « Dans un premier temps : le garçon ressemblera à la maman, et la fille à son papa ». C’était presque vrai, puisque quand je les ai vus, après avoir vomi pendant environ trois heures (suites de l’anesthésie générale pour la césarienne en urgence) : j’ai d’abord pensé « oh qu’il est mignon, et de suite : quelle horreur on dirait ma belle-mère (pour Marie) » Cela voulait quand même dire que Marie ressemblait à son père non ? c’est pas logique ???

Allez, je plaisante. C’était transitoire, aujourd’hui ils ressemblent à leur papa les 2 gars et Marie, c’est mon clone.

Anne, c’est pas un cœur, c’est une force de la nature avec un gros cœur dedans qui fait vachement bien boum-boum. Quand je dis force de la nature, je pense, force de vie ; vous l’aurez compris.

Les mois ont passé. Un matin, elle est passée vite fait, m’a engueulée parce que les deux crevettes étaient déjà installées dans les supers sièges bébés méga pas ergonomiques en fait, mais en tous cas supers chers ; elle m’a dit qu’ils étaient beaux et elle repartie trop vite vers ces bébés fragiles à chouchouter in utero.

Les années ont passé. De temps en temps je lui laissais un message sur son répondeur professionnel ; et j’étais contente quand il me disait qu’elle était en vacances et qu’en cas d’urgence il fallait faire le 15, ou appeler les pompiers, ou police secours, mais qu’en tous cas, elle, elle décompressait. Je me disais, super, elle se repose. Mais il y avait cette histoire d’onde que je ressentais vers elle ; elle passe par des chemins chaotiques, je le sentais. J’avais pas tort. Elle en est sortie, un peu, et est restée la même, pudique, sensible, avec ce même rire, ces mêmes plaisanteries et une philosophie tellement sienne qui unit colère, distance, résistance, et bouts de joie, bouts de vie, qu’il faut bien tricoter ensemble.

En tous cas, elle m’a fait plusieurs fois de beaux cache-nez pour que j’y planque mes yeux rougis et pour adoucir ce mal de gorge que j’ai parfois, et qui est dû aux enclumes à avaler.

Voilà, c’était Anne, ma sage-femme qui n’a pas perdu sa capacité de colère. Quand la colère s’éteint, c’est l’indifférence qui gagne ; Anne, c’est tout sauf de l’indifférence, c’est tout ce qui fait la différence.

Je vous embrasse et vais d’abord demander à l’intéressée très intéressante si elle est d’accord pour que je vous raconte notre belle rencontre.

Elle aura donc, la primeur de la chose, c’est normal, et en plus, elle est capable de pas être d’accord avec moi, et de m’engueuler vertement !!!

Bref, si censure il y a, ce sera de pudeur.

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Commentaires
A
à part écouter... être ensemble, même de loin.<br /> Anne Chabert
Les tribulations de Béa et sa tribu
  • Voici les récits de quelques brisures et moments forts, dans la ligne d'une vie bien lisse qui avait été rêvée. Lorsqu'apparut la lueur en clair obscur d'un Pierrot lunaire - réchauffé, guidé, aimé, par les jumeaux soleils
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